Le Moulin de la Porte a été construit entre 990 et 1025.
En 990 Richard Ier, Duc de Normandie (942-996) donne Argences à l’abbaye de Fécamp « Argentias cum appenditis suis ». Première citation retrouvée du nom de la ville. (Bib n°11)
En 1001 Guillaume de Volpiano (962-1031), célèbre réformateur bénédictin avait été appelé par le Duc Richard II pour diriger l’abbaye de Fécamp C’est peut-être lui, pour des raisons économiques, qui décida de mettre en valeur le fief d’Argences afin de donner à sa communauté des revenus substantiels en faisant construire des moulins à eau. Un grand nombre étaient alors créés en Normandie. Ils répondaient aux nouveaux besoins d’une économie agricole prospère.
En 1025 Richard II, Duc de Normandie (996-1026) confirme la donation de son père ; la charte précise « Argences avec l’église, les terres cultivées et incultes, les prés, les vignes, les bois, les moulins, les eaux et cours d’eau » (Cf « Au fil de la Muance n°1) (Bib n°11)
Le seigneur abbé de Fécamp créa ici un ensemble économico-religieux cohérent et complémentaire constitué par les productions céréalières de la plaine de Caen, le marché, les moulins, les fours banaux, les grandes halles à blé au centre du bourg et les halles à menus grains (emplacement de l’actuelle mairie) ; un prieuré habité par les moines jusqu’en 1440, leur chapelle St Jean, attenante au moulin de la Porte. Ce dernier appartient donc à la première création, sa création est antérieure à 1025.
La Muance canalisée et les moulins « banaux ».
Les rapports des ingénieurs des eaux, délégués par les Préfets pour « régler » les moulins au XIXé siècle, précisent que le cours de la Muance, affluent de la Dives, alimentant les moulins a été dévié de son lit naturel environ 500 mètres avant le Vérignier (entre Moult et Argences), jusqu’au delà des moulins du Fresne d’Argences. A ce niveau le lit de la rivière est nettement au-dessus du fond de la vallée. A l’origine, la Muance devait divaguer dans des bas champs marécageux en voie de sédimentation, ces travaux l’ont fixée. La Morte-Eau occupe en partie le fond naturel de la vallée et la draine par plusieurs fossés. Par une vanne, appartenant au moulin de la Porte, elle peut servir à dévier la Muance. Le fond du bief du moulin de la Porte est pavé sur plusieurs mètres Aucun texte ne précise la date exacte de ces travaux-, mais seule une riche abbaye avait les moyens financiers et techniques de les réaliser. Leur importance exigeait une forte rentabilité.
Les 4 moulins banaux appartenant à l’abbaye de Fécamp étaient le moulin de la Fontaine, dit à orge, le moulin de la Porte et les deux moulins contigus du Fresne, l’un à orge, aujourd’hui totalement disparu, et l’autre à blé, dont le bâtiment refait au XIXè se dresse encore à la sortie du village.
Extrait de la revue n°9 « Au fil de la Muance » de février 2007 par Ch. LECHEVALIER et A. LIVET.
Après la Révolution de 1789 :
Le moulin de la Porte, devenu bien national, fut racheté par le Sieur Planquette de Falaise en 1793,
Le même propriétaire acquit le moulin de la Fontaine.
Son successeur, Ozouf, époux de la veuve Planquette fit relever les berges de la rivière pour grossir
la chute, mais de violentes pluies pendant l’hiver 1805/1806 provoquèrent l’inondation du bourg et génèrent
le passage du gué, route de Troarn. Le Sieur Ozouf dut y faire construire le premier pont.
A la même époque, 1793, la construction d’un nouveau moulin, à l’angle de la rue Morte Eau par Cailloué,
maire d’Argences, entraîna de multiples procès de la part des autres meuniers. La multiplication
des « tournants » retenait le courant et perturbait les niveaux d’eau. En 1863, le Préfet imposa des règlements
et niveau d’eau à tous.
☛ Le XIX ème siècle
C’est la grande époque du moulinage. L’augmentation de la demande en farines boulangères et en céréales
pour l’élevage développe au maximum ces industries traditionnelles utilisant une énergie naturelle que la vapeur
n’a pas encore remplacée. En 1807, 3 moulins à blé à Argences, ayant chacun 2 « tournants », 3 au Fresne,
équipés de 5 « tournants » et 1 moulin à papier, le moulin Cailloué.
En 1821, le sieur Bellemare, époux de mademoiselle Planquette, demande la construction d’un
3ème « tournant » au moulin de la Porte : 1 contre le mur et 1 en conduit aménagé. Cette transformation
entraîna l’agrandissement du bâtiment vers le jardin. C’est sa conformité architecturale actuelle.
En 1890, le moulin de la Porte n’a plus que 2 « tournants », il devient la propriété Dalgot. Puis G.
Saulnier l’achète en 1910, un seul « tournant » anime 2 paires de meules. A cette époque fut plantée la
glycine qui fleurit encore devant le moulin. En 1904, un enfant de 10 ans, le jeune Badet, trouva la mort en
tombant dans la roue.
M. Derniaux acheta le moulin en 1934. Pendant la dernière guerre, les Argençais allaient y faire
moudre le blé et certains mangeaient ainsi du bon pain blanc (voir « Au fil de la Muance » n° 2).
En 1949,
M. Sicot, le dernier meunier, remplaça la roue par une turbine à eau de type « Francis » actionnant les 2 paires de meules.
C’est le mécanisme actuel… Les minoteries s’imposaient, mais le moulin continua de tourner en diversifiant
ses productions : orge et aplatissage de maïs, de féveroles… Il fonctionna jusque dans les années
1980…Madame Derniaux est décédée en 1996. Monsieur Sicot en 1998. La commune a racheté le moulin
en 1999 et œuvre à sa sauvegarde. Notre association, créée en 2000 est chargée de son entretien et de son animation.